Dans la nuit du 13 au 14 juillet 1943, à l’écoute de la radio de Londres, un message fait battre les cœurs d’un groupe de 19 résistants vendéens.
« Pourquoi me réveiller, ô souffle du printemps ? »
Cet alexandrin est un message codé, annonçant un parachutage imminent sur le site des Touches, près de La Couture.
Ils enfourchent leur bicyclette. Ils sont dix-neuf, équipés de cannes à pêche pour tromper l’ennemi. L’un d’entre eux possède une cabane à proximité.
C’est elle qui servira à cacher les armes récupérées dans les cylindres largués par les avions, avant d’être acheminées à La Roche-sur-Yon.
Avant et après La Couture, il y aura d’autres opérations de parachutage. À chaque fois, trois tonnes d’armes et de munitions sont larguées.
Année 1943 : Les mouvements OCM et Libération-Nord – Les parachutages
L’Organisation Civile et Militaire (OCM)
Le mouvement naît à Paris en décembre 1940 et recrute dans le milieu de la bourgeoisie et des
officiers de réserve. Son objectif est de bâtir une organisation paramilitaire clandestine capable de constituer une force d’opposition à l’occupant et un appui interne à l’offensive alliée. On y organise des filières d’évasion, on y recueille des renseignements sur l’occupant.
Libération-Nord
C’est d’abord un journal clandestin apparu en décembre 1940 qui, en novembre 1941, se transforme en un mouvement de résistance.
Les initiateurs sont Christian Pineau et une équipe de syndicalistes. Ce mouvement est surtout formé de socialistes.
En 1942, deux réseaux de résistance sont créés à partir de Libération-Nord, sous le contrôle du Bureau central de renseignements et d’action (BCRA), organe de liaison entre la France Libre et la Résistance Intérieure :
- Phalanx, en zone sud
- Cohors-Asturies, en zone nord
Au mois d’avril 1943, les mouvements Libé-Nord et OCM, en application d’ordres supérieurs, réunissent leurs forces et moyens pour rechercher des terrains d’atterrissage susceptibles de recevoir des hommes et du matériel. C’est ainsi qu’en juillet et août 1943 huit parachutages d’armes ont lieu en différents points de la Vendée. Les 20 tonnes de matériel réceptionnées sont constituées essentiellement de mitraillettes STEN, d’explosifs, de grenades, de plastic, de détonateurs, de pistolets et autres munitions, l’ensemble enfermé dans des containers métalliques. A la même époque, des opérations analogues ont lieu sous le contrôle de l’OCM à la limite des départements de la Vendée et des Deux-Sèvres, entre Parthenay et Thouars.
Il faut préciser que chaque opération nocturne exige au préalable des démarches précises pour découvrir des terrains. L’exécution est dangereuse, les conditions et les règles rigoureuses, les risques considérables.
La police allemande, alertée sur ces opérations de parachutages devenues relativement fréquentes sur le territoire français, déclenche le 12 août 1943 une vague d’arrestations : une cinquantaine de résistants vendéens victimes de ce coup de filet sont déportés en Allemagne.
Le plus grand nombre ne revient pas et une partie importante des armes réceptionnées tombent entre les mains des forces allemandes.
(D’après les notes de Gaston Marceteau chargé notamment d’organiser le parachutage de La Couture)
Gérard Prouteau, « La Résistance en Vendée », Recherches vendéennes, n° 11, 2004.
La Vendée dans la seconde guerre mondiale
Les deux photos représentent la stèle et la plaque à La Couture, où eut lieu le 14 juillet 1943 le premier parachutage d’armes.