Entre femmes de prisonniers et de déportés on s’échange des informations, parfois des nouvelles, mais aussi des recettes pour des colis insolites, dont on ne sait s’ils sont arrivés à leur destinataire, ni dans quel état. En voici un exemple :

« Pâté pour envelopper un rôti à expédier.

Pour un rôti de grosseur d’un poulet, il faut compte environ une livre de farine, ¼ d’eau et lait mélangés, un peu de sel auquel on peut ajouter un œuf entier bien battu qui donnera de la qualité à la pâte (mais n’est pas indispensable) il ne faut pas y mettre le beurre, a pâte craquerait en cuisant.

La pâte ne doit pas être trop sèche pour enrouler la viande et la coller facilement sur le bord et à chaque bout. Ne pas l’étendre trop mince, ½ cm environ mais pas plus.

Faire cuire le rôti comme pour le servir à table. Le laisser refroidir, bien entendu, et le rouler dans la pâte sans jus ni graisse car, alors, la pâte ne sècherait pas au four.

Remettre au four après l’avoir enroulé et bien coller et laisser cuire de tous côtés en le tournant.

Au lieu de mettre le rôti entier, on peut en faire des petits pains fourrés. »

(Source : Manuscrit d’une mère de déporté à Buchenwald)