Année 1944 : L’organisation des maquis

Le 14 août 1944, au cours d’une réunion clandestine, les membres du Comité départemental de Libération de la Vendée (CDL) votent une motion de confiance en faveur de Maurice Baffert. Sous ses ordres se fait l’organisation officieuse et clandestine de l’état-major des FFI-FTPF de Vendée.

Le même jour, entre 18 et 19 heures, la Citroën traction-avant du groupe mobile FTPF sud-vendéen dit « Guy Môquet » traverse Fontenay-le-Comte dans l’intention d’abattre le général allemand de la place. Deux sentinelles allemandes postées devant la Kreiskommandantur sont tuées, et une petite fille (Suzanne Freland) blessée par une balle perdue.
Le 17 août, probablement à la suite d’une dénonciation, les Allemands attaquent le maquis de Mervent. Les responsables de la Résistance préparent la libération du département en organisant les maquis, regroupement d’hommes à partir d’un noyau initial composé de quelques volontaires. Des instructeurs ont pour tâche de préparer les jeunes maquisards au maniement des armes. En septembre, on dénombre 3 362 hommes répartis en 26 camps FFI et 10 camps FTPF.
C’est avec des armes hétéroclites que les maquisards attaquent les convois allemands qui quittent la Vendée. Ce n’est que tardivement que des armes leur sont livrées d’Angleterre.
Après un accrochage survenu le 31 août dans la région d’Apremont, les Allemands fusillent quatre otages* et tuent un habitant de Croix-de-Vie qui transportait quelques cartouches dans son véhicule. Le 2 septembre, sur la commune de Saint-André d’Ornay (aujourd’hui rattachée à La Roche-sur-Yon), ils capturent et massacrent le FFI Auguste Murail. Ancien prisonnier de guerre rapatrié, il était porteur d’un brassard tricolore et d’un revolver.

L’état-major FFI-FTPF forme le 1er régiment de Vendée par la suite dénommé 93e Régiment d’Infanterie.
Les Vendéens désireux de poursuivre les combats jusqu’à la victoire deviennent des soldats de l’armée régulière. Durant 9 mois, ils défendent leur département sur les fronts de Pornic (Poche de Saint-Nazaire) et de Marans (Poche de La Rochelle), empêchant ainsi les soldats allemands de sortir. Plusieurs d’entre eux y perdent la vie.

Maquisards du groupe mobile FTP « Guy Môquet »

Maquisards du groupe mobile FTP « Guy Môquet » basé dans la forêt de Mervent-Vouvant.
Le commandant Guy Jacques alias Legrand est le 2e en partant de la droite.
Robert Brunet se tient à la droite du commandant Legrand, et Léopold Markus à sa gauche.

* Il s’agit d’Amédée Chailloux, instituteur public de 36 ans ; de Louis Denis, instituteur libre de 39 ans ; d’Auguste Chauvin, sans profession, 76 ans ; et d’Alexandre Riant, cultivateur de 20 ans. Les Allemands avaient exigé dix-huit otages. Le maire d’Apremont, Georges Dorion, a réussi à sauver la vie de quatorze d’entre eux.

Les maquis de Vendée

Les camps de maquisards se sont formés par regroupement d’hommes à partir d’un noyau initial. Lorsque les conditions de fonctionnement et d’armement furent enfin réunies, ils rassemblèrent en Vendée 3 362 volontaires. Une grande activité a été déployée en amont pour recruter cadres et instructeurs. Ces derniers ont eu pour tâche de préparer les jeunes, qui n’avaient pas fait leurs classes, au maniement des armes.

Carte réalisée par Jean-Louis Trajan D’après l’ouvrage du lieutenant Escalier, Organisation et opérations des Forces Françaises de l’Intérieur en Vendée, Nantes, avril 1945.

Carte réalisée par Jean-Louis Trajan
D’après l’ouvrage du lieutenant Escalier, Organisation et opérations des Forces Françaises de l’Intérieur en Vendée, Nantes, avril 1945.

Cachés dans nos forêts profondes
Dans nos grottes, dans nos ravins
Retranchés du monde
Bravant la mort, le froid, la faim
C’est nous les vaillants fils de France
Gardiens de l’honneur du pays
Qui luttons pour sa délivrance
Du fond de notre cher maquis

De « de Gaulle » le cri d’alarme :
« Debout contre l’envahisseur ! »
Nous a dressé, souvent sans armes
Les poings serrés, la rage au coeur
Pouvions-nous, courbés sous l’orage
Voir notre ennemi exécré
Dévaster tout sur son passage
Et souiller notre sol sacré ?

Le brassard à croix de Lorraine
Est notre uniforme sacré
Puisque vers l’honneur il nous mène
Nous le suivons sans hésiter
Nous sortirons de nos tanières
Bientôt pour combattre au grand jour
Et bien loin hors de nos frontières
Nous reconduirons les Pandours

REFRAIN
Nous sommes les Maquis de France
Fiers champions de notre Pays
Luttant dans l’ombre et le silence
Contre l’envahisseur maudit
Pour bouter le Boche hors de France
Hardi ! les soldats du Maquis !

Cette chanson, écrite par Ernest Bricheteau termine le témoignage du Capitaine Auguste (paru en 1946) sur le Maquis de Luçon.
Léon Martin, le préfet de la Libération en a écrit la préface.

« Les six premiers mois de 1944, réfugiés dans les bois de La Chaize-le-Vicomte, nous avons fait quelques actions, comme ce camion de transport d’essence fauché aux Essarts.
Ensuite, nous avons rejoint le maquis R1 de Dompierre. Bouhier et Bossis y ont déjà effectué des reconnaissances. Bouhier a des amis sûrs, Berthomé le charcutier, Bouchière, de La Maison-Neuve, qui l’assurent de l’aide et de la discrétion de toute la population. Madame de Gazeaux, la châtelaine du Rortheau, propriétaire du Bois des Gâts, se met spontanément à la disposition de la Résistance. Le 14 août, onze résistants se regroupent à la ferme de La Garlière, près de Dompierre. Ils sont accueillis à bras ouverts par les fermiers, les Gralepois. Ils ont pour tout armement six mitraillettes récupérées du parachutage d’août 1943 à Aizenay et deux médiocres pistolets : récupérer des armes, c’est l’obsession de nos maquisards qui en manquent cruellement ».

Témoignage de Gaston Lorioux, cité dans La Vendée en guerre, éditions Ouest-France, hors-série, 2004. Le colonel Gaston Lorioux est l’auteur de l’Historique du maquis R1 et du 2e bataillon vendéen FFI du 93e RI, imprimerie P. Mottaz, 1994.

FFI du Bois des Gâts, à Dompierre-sur-Yon (Maquis R1)

FFI du Bois des Gâts, à Dompierre-sur-Yon (Maquis R1)

Armand Printemps rejoint le maquis de Dompierre-sur-Yon en août 1944.

Émile Morillon fonde à Montaigu le groupe de résistants « Libération ».

Jacques Bréger (à gauche) et Jean Cauet du maquis de Palluau

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