Année 1940 : Accepter la défaite ou poursuivre le combat ?
« C’est le coeur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat. »
Photomontage de Gaston Marceteau
« Quoi qu’il arrive, la flamme de la Résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas. »
Le maréchal Pétain assume les fonctions de chef de l’État français, et dispose de la plénitude du pouvoir gouvernemental. Le Sénat et la Chambre des députés sont ajournés.
La source du pouvoir n’est plus le peuple souverain : c’est l’extinction de la démocratie. Pétain jouit d’une immense popularité. Le projet politique qu’il porte est réactionnaire, il prend forme avec la « Révolution nationale » : le régime entend régénérer le pays qui doit expier ses fautes, il s’appuie sur les valeurs traditionnelles. Il rend responsable de la défaite ceux qu’il appelle « l’anti-France » : les communistes, les juifs, les Francs-maçons.
Sa devise « Travail-Famille-Patrie » se substitue à la devise de la République : « Liberté-Égalité-Fraternité ».
Le 18 juin 1940, le général de Gaulle lance de Londres un appel à la résistance à l’ennemi parce que « l’honneur, le bon sens, l’intérêt supérieur de la patrie » justifient cette décision. Il prophétise la victoire. Condamné à mort pour trahison par un tribunal militaire en France, il est reconnu comme le « chef des Français libres » par le Premier ministre britannique, Winston Churchill. A la fin de juillet, ils sont 7 000 engagés volontaires dans les Forces françaises libres. Les effectifs atteignent 25 000 à la fin de l’année avec le ralliement de l’Afrique équatoriale française. Les Français libres participent à toutes les opérations militaires menées par les Britanniques encore seuls à se battre contre les forces de l’Axe : Allemagne, Italie et Japon.
Benjamin Favreau : un Français libre
« Lorsque je tourne les feuillets de l’histoire de France par les hommes de ma génération, et même si j’en remonte les pages jusqu’à Waterloo, je ne trouve pas de moments plus humiliants pour la nation que le printemps et l’été 1940. »
« Le vieux Pétain, que le sens de la vertu française avait quitté, se laissa hisser sur le pavois par des hommes sans foi. »
« Alors dans l’effondrement total, des hommes fiers commencèrent à se chercher à tâtons, à se donner la main, et puisqu’une faible lueur venait d’apparaître de Londres, à se diriger vers elle.
Benjamin Favreau, Compagnon de la Libération, Geste éditions 2011
Le vendéen Benjamin Favreau, né en 1915 à Falleron dans une famille d’agriculteurs, rejoint les Forces françaises libres en juin 1940. Il se distingue notamment à Bir-Hakeim en 1942. Le général de Gaulle le fait Compagnon de la Libération (Décret du 9 septembre 1942).
Année 1940 : Réactions des Français devant l’Occupation – Premiers engagements
En 1940, en Vendée, comme dans tout le reste de la France, « la majorité de la population penche en faveur d’une certaine forme d’attentisme. Elle accorde sa confiance au maréchal Pétain, à Vichy et à son gouvernement. Un monde flou se situe entre deux pôles opposés : l’accommodement, admettant – inconsciemment parfois – la collaboration avec l’Allemagne nazie et le refus évoluant progressivement vers la Résistance organisée. »
(Gaston Marceteau).
Des hommes et des femmes réagissent à l’Occupation par des gestes de refus.
Auguste Péchereau, patron du Café de la Paix, à La Roche-sur-Yon, punit à sa façon les officiers de la Kommandantur.
Deux ou trois jours après leur arrivée et décidés à fêter dignement la victoire, ils commandent : « Champagne ! »
Mon père s’approche d’eux, la mine contrite : « Je n’ai plus de champagne ! »
Il ne manque pas d’un certain culot : la cave regorge de bonnes bou teilles répondant aux doux noms de Mercier, Moët et Chandon, Heidsieck. En fait, elles sont dès maintenant réservées à l’arrosage de la victoire ; pas celle d’Hitler, celle de Churchill (de Gaulle est encore inconnu). Apparemment ce n’est pas encore pour demain, mais on y croit déjà.
« Comment, Monzieur, plus champagne ?
Non, malheureusement, mais j’ai un excellent mousseux, méthode champenoise, vous verrez ! »
Le mousseux leur convient parfaitement ; ils sont satisfaits et en redemandent. La scène se reproduira plusieurs fois au cours des jours suivants et puis, crac : « Nix mousseux, vos collègues ont tout bu !
Ach ! C’est la guerre ! »
André Péchereau
Les Vendanges de Miranda
Éditions Le Cercle d’Or
Animés par le désir de faire quelque chose, ceux que l’on appellera plus tard les « pionniers de la Résistance » parviennent à dépasser ce premier stade pour agir collectivement contre l’occupant.
Sous l’impulsion d’Ernest Seigneuret, un petit groupe de patriotes se forme en Vendée dès novembre 1940. Ils mettent sur pied une filière pour aider des prisonniers de guerre évadés à franchir la ligne de démarcation et des jeunes gens à rejoindre les Forces combattantes libres. Ils fournissent aussi des renseignements militaires sur l’armée d’occupation. Appliquant les consignes de cloisonnement, Ernest Seigneuret ne révèle pas à ses camarades le nom du réseau pour lequel il leur demande de travailler.
La vendéenne Hélène de Suzannet participe avec son fils, le 11 novembre 1940, à la commémoration interdite à Paris à l’Arc de Triomphe.
Tract de lycéens et d’étudiants appelant à la commémoration
Étudiants de l’Institut agronomique s’apprêtant à défiler