Auguste Péchereau, patron du Café de la Paix, à La Roche-sur-Yon, punit à sa façon les officiers de la Kommandantur.
Deux ou trois jours après leur arrivée et décidés à fêter dignement la victoire, ils commandent : « Champagne ! »
Mon père s’approche d’eux, la mine contrite :
« Je n’ai plus de champagne ! »
Il ne manque pas d’un certain culot : la cave regorge de bonnes bouteilles répondant aux doux noms de Mercier, Moët et Chandon, Heidsieck. En fait, elles sont dès maintenant réservées à l’arrosage de la victoire ; pas celle d’Hitler, celle de Churchill (de Gaulle est encore inconnu). Apparemment ce n’est pas encore pour demain, mais on y croit déjà.
« Comment, Monzieur, plus champagne ? Non, malheureusement, mais j’ai un excellent mousseux, méthode champenoise, vous verrez ! »
Le mousseux leur convient parfaitement ; ils sont satisfaits et en redemandent. La scène se reproduira plusieurs fois au cours des jours suivants et puis, crac : « Nix mousseux, vos collègues ont tout bu ! Ach ! C’est la guerre ! »
(Extrait de Les Vendanges de Miranda – André Péchereau – Éditions Le Cercle d’Or)