Il s’agit de l’édition clandestine de Mein Kampf, édité par Fernand Sorlot, militant nationaliste germanophobe, et fondateur des Nouvelles Editions Latines. A la demande de Charles Mauras, qui souhaitait une traduction fidèle de cet ouvrage afin de comprendre son idéologie, mais aussi parce que, admirateur du fascisme mussolinien, il se montre inquiet devant les ambitions allemandes, et qu’il comprend tout l’intérêt politique et commercial de cette publication, il constitue une équipe de traducteurs pour mener à bien cette traduction non autorisée.
L’ouvrage est tiré à 8 000 exemplaires en février 1934. Il comporte une préface justifiant la familiarisation du peuple français avec un texte qui le prend pour cible et qui lui promet une « guerre sanglante ». Il est aussi pourvu d’une injonction du maréchal Lyautey : « Tout Français doit lire ce livre. »
La réaction allemande est immédiate. L’éditeur fait saisir les exemplaires et assigne la maison française devant le Tribunal de commerce de la Seine. L’audience s’ouvre le 5 juin 1934. Face au cessionnaire des droits qui brandit le droit d’auteur, le Français plaide l’intérêt national pour justifier son initiative et récuse la compétence du tribunal. Peine perdue, le 18 juin 1934, le tribunal condamne Sorlot à « détruire les livres saisis et les clichés qui ont servi à l’imprimerie ».
La commercialisation de Mein Kampf est interdite, mais, selon son fils, il en imprime 15 à 20 000 exemplaires dans une imprimerie clandestine et en offre 2 000 à la Résistance.